Laboratoire commun de recherche EGCERSIS, une solution pour la gestion de crises

Le laboratoire commun EGCERSIS (Entrainement à la Gestion de Crise en Environnement Représentatif de Sites Industriels Sensibles) regroupe le Centre Génie Industriel d'IMT Mines Albi, les sociétés Immersive Factory et Report One (qui, conjointement avec la région Occitanie financent ces travaux) autour de la thématique de la réalité virtuelle pour la sécurité.

Le projet EGCERSIS est nommé aux Laval Virtual Awards dans la catégorie "Industry" qui aura lieu du 12 au 14 avril 2022. Une véritable reconnaissance de toute la communauté scientifique internationale. L'objectif du projet EGCERSIS est de fournir aux responsables de la sécurité un cadre dédié à la préparation et à la formation à la gestion de crise sur les sites critiques. L'idée est de croiser la réalité virtuelle et l'aide à la décision dans un environnement incertain. Rencontre et interview avec Frédérick Benaben, responsable de l'axe Sécurité et Gestion de Crise au sein du Centre Génie Industriel d'IMT Mines Albi et directeur du laboratoire commun de recherche EGCERSIS.

 

EGCERSIS nommé aux Laval Virtual Awards 2022

En quelques mots, qu'est ce que le Laval Virtual Europe ?

Il s'agit de la 24e édition du plus grand salon Européen sur l'innovation dans le domaine de l'immersif (réalité virtuelle, réalité augmentée). Laval Virtual couvre un très large panel de travaux, de contributions et d'innovations (dans tous les domaines possibles, de la santé au ludique, en passant par l'industrie ou l'éducation). On y trouve à la fois des professionnel du domaine, des scientifiques, des institutionnels et bien sûr le grand public qui vient découvrir, essayer et imaginer le futur de ces technologies.        
 

Pouvez-vous expliquer les travaux de recherche menés dans le cadre du laboratoire commun EGCERSIS ?

Le laboratoire commun EGCERSIS s'intéresse à l'utilisation de la réalité virtuelle pour l'entrainement et la gestion de crise. Concrètement, les joueurs "opérationnels" se retrouvent dans un environnement 3D qui réplique un site réel (une station de métro, notre bâtiment d'IMT Mines Albi, ou encore la cathédrale d'Albi par exemple), ils y affrontent une situation de crise (un incendie, une attaque terroriste, etc.) qui a été définie et qui est ajustée en temps réel par le joueur "maître du jeu" qui lui évolue dans un environnement virtuel plus riche puisqu'il peut définir les incidents et même rendre la tâche plus facile ou plus compliquée pour les utilisateurs (en bloquant une porte par exemple ou en limitant l'intensité d'un incendie). Les joueurs "gestionnaires" sont quant à eux plongés dans un environnement virtuels où ils partagent une vision cartographique 3D de la situation de crise (ils peuvent manipuler cette carte) sur laquelle sont représentées en temps réel toutes les informations connues à propos de la situation. Ils sont assistés d'outils d'intelligence artificielle qui les aident à prendre des décisions et à piloter les procédures de réponses. Enfin, les joueurs "observateurs" peuvent suivre en temps réel et a posteriori la performance des joueurs et la qualité pédagogique de l'exercice. Au final, c'est donc un environnement complet d'entrainement qui est proposé.        

L'équipe s'articule autour des deux partenaires principaux du laboratoire commun :

• IMMERSIVE FACTORY (pour la dimension entrainement en réalité virtuelle) et
• REPORT ONE (pour l'aspect gestion des données et tableaux de bord de suivi).

À ces partenaires s'ajoutent deux partenaires prestataires : DFF (pour la modélisation 3D des sites) et NUMIX (pour la réalisation de personnages qui représentent les humains qui peuplent les sites). Enfin, l'INU Champollion accompagne également ce projet sur le plan des comportements des non-joueurs.

À IMT Mines Albi, on retrouve un certain nombre d'acteurs : Sébastien Rebière, Loic Bréard, Anouar Oura-Sao et Nicolas Salatgé, les ingénieurs de recherche qui travaillent sur toute la plateforme matérielle de réalité virtuelle, les développements logiciels en réalité virtuelle et sur les outils d'aide à la décision. Alexis Evain et Aurélie Congès, tous deux doctorants dans le cadre de ce laboratoire. Robin Batard, en post-doctorat sur ce projet qui s'occupe de toute la scénarisation des démonstrations et de la gestion de projet. Enfin, Audrey Fertier, maître-assistante au CGI qui assure la coordination avec le projet CRIZ'INNOV qui a de nombreuses accointances avec EGCERSIS.         
 

Où en sommes-nous dans la phase des travaux ?

Nous sommes à la toute fin des travaux initiés au deuxième trimestre 2019. Nous avons pu réaliser trois itérations (novembre 2019, juin 2021 et mars 2022), avec à chaque fois la démonstration d'un exercice différent. Mais ce ne sont en fait que les premiers travaux du centre sur ces sujets et nous avons depuis ouverts beaucoup de perspectives (dépôt de projet français, européens, discussions avancées avec des industriels et des institutionnels). Nous allons poursuivre ces activités avec encore plus d'ambition dans la nouvelle plateforme IOMEGA VR qui sera inaugurée prochainement.        
 

Que représente cette sélection pour vous et pour l'ensemble du Centre Génie Industriel d'IMT Mines Albi ?

C'est évidemment une très belle reconnaissance, pour toute l'équipe EGCERSIS, pour l'équipe de recherche "Sécurité et Gestion de Crise", pour le Centre Génie Industriel et pour IMT Mines Albi. C'est d'autant plus important pour nous que c'est une communauté industrielle et scientifique que nous découvrons et qui nous découvre. C'est également très important pour une équipe et un centre pleinement impliqué dans la recherche appliquée. Il est plus difficile dans ce type d'approche d'obtenir des reconnaissances, cette nomination est une superbe opportunité. Nous allons tout faire pour essayer de remporter cet award.         
 

La réalité virtuelle au service de la gestion de crise, LA solution du futur ?

Il nous semble évident depuis quelques années (et encore plus depuis l'explosion du concept de Metavers) que les technologies immersives vont prendre une part immense dans notre vie quotidienne. On verra bientôt nos voisins dans les transports, équipée de lunettes, en train de manipuler virtuellement des objets plutôt que penchés sur l'écran de leur smartphones. La gestion de crise n'échappera pas à cette tendance. En outre, la gestion de crise à deux particularités qui font d'elle un excellent client :

• l'entrainement est une tâche continu qui ne peut pas pour autant immobiliser les infrastructures et les humains. L'immersif offre une alternative parfaite en permettant l'entrainement dans une réplique 3D, pour tout ou partie des équipes.
• les crises sont généralement imprévisible temporellement et géographiquement. l'immersif peut permettre de faire collaborer très concrètement des acteurs opérationnels et des décideurs distribués tout autour de la planète.

Finalement, il nous semble que l'immersif offre un environnement dans lequel on peut hériter de bon nombre des atouts du monde physique, en s'affranchissant de certaines de ses faiblesses, mais surtout, l'immersif peut apporter de nouvelles fonctionnalités qu'il nous faut imaginer et créer. C'est ce à quoi nous nous attaquons.